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Dans le Figaro, par C. Bommelaer

Francis Chigot revient en pleine lumière

Cet article a été originellement publié dans l’édition du Figaro du 16 novembre et est reproduit ici avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Exposition: Francis Chigot revient en pleine lumière

CRITIQUE – Le Musée des beaux-arts de Limoges présente en majesté le travail du maître verrier qui créa la plupart des grandes verrières des édifices de la ville.

Méconnu du grand public, le maître verrier Francis Chigot méritait bien
une rétrospective. C’est chose faite au Musée des beaux-arts de Limoges, ville où le vitrailliste eut son atelier à partir de 1907. En quarante vitraux, tout son art coloré et lumineux, au service des cages d’escalier, des plafonds, des jardins d’hiver puis des églises, se déroule. Une plongée dans l’Art nouveau, puis l’Art déco, Francis Chigot n’ayant cessé de créer tout au long de sa vie.

Vaste, l’exposition permet, une fois n’est pas coutume, de se retrouver nez à nez avec les œuvres, qui ont été montées sur des châssis. Des dessins, plans et photos de l’atelier complètent les imposants panneaux de guirlandes de fleurs, figurant une Jeanne d’Arc dans sa gloire, un paysage de vallée ou une scène de la vie de la vierge. C’est non seulement beau, mais instructif sur l’évolution des styles – ceux du XXe siècle ne furent pas uniformes -, ainsi que des techniques de l’atelier. «Il passera, avec son principal peintre cartonnier, Pierre Parot, de la peinture sur verre à un dessin de plomb et de verres de couleurs, explique François Lafabrié, directeur du musée.
 

Aux arabesques succéderont des formes plus géométriques, dans les années 1920 et 1930. L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, en 1925, est à cet égard un tremplin, et les chantiers se multiplient. Les commandes civiles, dont les vérandas ou les salles de bains des maisons d’une clientèle aisée, vont faire vivre l’atelier. On lui doit également les vitraux de l’abbaye de Conques, que l’on pouvait voir avant que François Mitterrand ne les fasse déposer, en 1985, au profit de ceux de Pierre Soulages.

Un rayonnement international

À tout seigneur tout honneur: l’exposition «Un monde de lumières» s’attarde sur l’apport de Francis Chigot à la ville de Limoges. Tous les voyageurs passant par la gare des Bénédictins, qui vient d’être élue plus belle de France, n’ont qu’à lever le nez pour se retrouver face à une de ses grandes réalisations. Commandés en 1929, les 775 m2 de verrières représentant les forêts du Limousin, déclinent châtaigniers, chênes et glands. Plus loin dans la ville, la moitié des verrières de l’église Saint-Paul-Saint-Louis ainsi que l’ensemble des verrières du Sacré-Cœur sont également issus des ateliers. Même la Maison du peuple, maison syndicale datant des années 1930, doit ses décors rouges et son grand sigle CGT à Chigot.

Mais il ne faudrait pas résumer le maître verrier à un artiste limougeaud, insiste sa petite-fille Martine Tandeau de Marsac. Ayant consacré une partie de sa vie à la reconnaissance de l’œuvre de son aïeul, cette dernière met en avant son «rayonnement international». Grâce au succès de l’exposition de 1925, Chigot obtiendra la commande des onze verrières historiques de l’église Notre-Dame de Montréal, en 1929. Suivront le chantier de la cathédrale de Conakry, en Guinée (1935), et, après-guerre, onze chantiers aux États-Unis, dont ceux de Richmond et de Chesterfield en Virginie.

Après la mort du vitrailliste, l’atelier sera repris par les artisans. Il perdure encore de nos jours. «Toute la famille a une dette de reconnaissance envers ces ouvriers qui ont créé une société coopérative de production, en 1960, pour continuer», explique sa petite fille. Elle-même incarne la continuité en tant que gardienne de la mémoire de Chigot, avec l’ombre bienveillante de son cousin, l’ancien ministre Hubert Védrine. À la tête de l’association Francis-Chigot, Martine Tandeau de Marsac ne cesse de chercher la trace de l’œuvre de son grand-père dans les archives ou sur le marché de l’art. «Le savoir engrangé sur cette aventure familiale doit être transmis aux générations d’après», dit-elle. Déjà, le fils d’Hubert Védrine, Laurent, a réalisé un documentaire sur l’artiste, et d’autres arrière-petits-enfants de Francis Chigot «mordraient à l’hameçon».

Une biographie sur le maître vitrailliste vient par ailleurs de sortir, pour accompagner l’exposition, qui sera ensuite présentée à la Cité du vitrail de Troyes: Chigot l’homme qui illumina gare, maisons et églises ne sombrera pas dans l’oubli.

«Un monde de lumières, vitraux de Francis Chigot et son atelier», Musée des beaux-arts de Limoges (86), jusqu’au 12 février 2023.

 
 

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