Les mystères de Saint-Amant-de-Boixe (Charente)

Au milieu de la douceur des paysages charentais, des vitraux tombés du Ciel. Une vaste église très romane à visiter, et soudain, en bout de nef, un chœur gothique nappé d’un bleuté irréel. La lumière est issue de verrières sans signature, tout en mosaïque géométrique bleue et mauve, à pointes de noir et de vert, ponctuées de rares points rouges. Celles des pans nord et sud du chœur sont de l’atelier Chigot (1952 et 1957), complétées par la grande verrière axiale à six lancettes de 40 m2 conçue et posée en 2020 par le verrier bordelais Éric Dupuy, de Langoiran (Gironde), en harmonie avec le travail de Francis.

Mais qui donc, pour ce travail de fou de milliers de pièces de verre, qui a osé imaginer dès 1950 des maquettes si radicales, dans l’esprit des recherches non figuratives de la décennie ? Faute de signature, que disent les papiers du fonds Chigot des archives de la Haute-Vienne ?

Ils livrent, discrètement, leur vérité anonyme. Pas d’artiste cartonnier ici, mais la proposition de l’architecte en chef des monuments historiques du moment, en charge de la Charente, avec la bénédiction de Jean Verrier, l’inspecteur général dont Chigot était un familier. La patte de Verrier ? Du rouge qui soit du rouge.

Soixante ans plus tard, quand on eut les fonds nécessaires, le verrier retenu, Éric Dupuy, imagina, en accord avec l’architecte MH Philipe Villeneuve, comme un Ressuscité flottant entre ciel et terre. Plus de 4 000 pièces de verre et une centaine de points rouge sang pour un lieu d’une densité rare.

Texte et photos : François Landries